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Self-défense : frapper avec les mains ouvertes ou pas ???

 

"Utiliser les mains ouvertes dans un contexte d’auto-défense serait dangereux voire impossible "

 

Voilà ce que l’on entend depuis un certain temps sur les réseaux sociaux !

Alors qu’il y a dix ans, on nous disait qu’il faut absolument garder les mains ouvertes quand on est dans une situation de « combat de rue », que ce soit pour être en garde comme pour frapper l’agresseur, maintenant, on nous explique que rien ne vaut un bon coup de poing sur le crâne.

Pourquoi ?

 

 

Parce que, nous dit-on encore, frapper sans fermer la main peut entraîner des blessures (pas chez  l’assaillant évidement) : pouce cassé, doigts tordus, poignet foulé…

Pis, c’est en fait très difficile (voire une utopie) d’être efficace sans employer la bonne vielle « patate » à la Jean Marais !

 

On prend souvent pour exemple le karate uechi qui fait la part belle aux doigts dans les yeux (griffes du dragon), coups avec la paume (tape du singe), coup de pouce sur la trachée (griffes du tigre), pique des doigts sur la carotide (bec de la Grue) et je pourrai encore énumérer beaucoup d’autres techniques.

On nous dit (comme le fait le Karate Nerd dans l’une de ses vidéos), que ces frappes ne sont pas naturelles et doivent avoir été répétées à l’infini, pour pouvoir être efficaces

 

 

 

 

Alors,

je ne suis pas expert en self défense,

je ne suis pas un bagarreur de rue !

Mais j’ai eu mal à partir (comme tout le monde, malheureusement) avec des personnes ivres, agressives, prédatrices etc. En France comme à Okinawa.

 

Je connais des personnes travaillant dans le milieu médical et aux urgences en particulier.

Toutes m’ont dit que frapper avec le poing fermé sur un crâne/visage entraîne des lésions à la main ! C'est-à-dire qu’on se  blesse !

 

 

Se défendre dans la rue n’est pas un jeu ou une épreuve sportive. Il n’y a pas de gagnant. Par contre, on peut perdre. Et c’est ça le but de l’auto-défense : ne pas perdre, autrement dit préserver son intégrité physique.

 

 

De par mon expérience au dojo : frapper avec de petites parties mais dures naturellement : le pouce replié, la pointe des doigts, est extrêmement douloureux si c’est appliqué aux bons endroits de l’anatomie humaine (cela ne sert à rien donner un coup en dent du tigre sur un pectoral ou sur l’abdomen).

 

Il faut toutefois conditionner sur une période assez longue ses « armes naturelles » : sur des cibles plus ou moins molles, sur des parties du corps d’un partenaire, dans du sable, des haricots etc… Ca c’est vrai !

Mais c’est le but de l’art martial : le travail, que l’on reprend encore et encore.

Par contre, non, cela ne prend pas 5 ans ou 3 ans avant de pouvoir briser le cartilage de la gorge avec la main en aile de la grue. Encore faut-il ne pas s’entraîner à sa pratique martiale 4 heures par mois, comme c’est parfois le cas en Europe.

 

Mais même dans ce cas, le karate pangawinuun propose des armes utilisables par tout un chacun : le poing marteau, la paume de la main. Tout le monde tape du poing sur la table, et tout le monde sait donner une « claque »… sans se blesser pour autant !

 

La pratique pangawinuun ou uechi provient des traditions des boxes du Fujian, en Chine.

Durant des siècles, leurs techniques ont été éprouvées dans des contextes de violence bien différents de ce que nous connaissons aujourd’hui. Si elles n’étaient pas efficaces, voire dangereuses pour celui qui les emploie, elles auraient été supprimées et on n’en parlerait plus de nos jours.

 

 

Bien sûr, ne me dites pas que sur un ring, tout cela ne marche pas. Un ring (ou une cage, comme cela est à la mode de nos jours) est un lieu particulier, à un moment particulier dans une situation particulière, avec ses normes particulières. On ne va pas faire de la plongée l’apnée avec une combinaison de ski, et on ne part pas en trekking avec des palmes aux pieds.

 

Il ne faut pas mélanger les genres, comme disait ma grand-mère.

 

Il faut par contre savoir ce que l’on peut faire dans la rue, si jamais… en attendant ce jour (qui ne viendra sans doute jamais, et l’on doit prier pour que cela en soit ainsi), on s’entraîne !  

 

 N’hésitez pas à venir  découvrir tout ce panel technique proposé par la Kônan-ryû, l’école que je pratique, lors de mes stages parisiens du mois de septembre prochain !