· 

Karate et combat

 

Depuis un certain temps maintenant, je constate qu’il demeure un gros malentendu sur le karate : il serait une méthode de combat.

Présentement ce n’est pas le cas ! Ou en tout cas il n’est pas que ça.

 

Premièrement, le karate était par le passé (du temps du royaume des Ryûkyû) un système de défense et aussi un art au même titre que la danse ou la poésie (on pourrait dire aussi un talent) réservé à la noblesse. De nos jours, il est toujours porteur de ce sens lié à la défense personnelle.

 

Ensuite, il est une gymnastique, un moyen de rester en bonne santé. Là encore, c’était l’une de ses fonctions par le passé. Et au cours du XXe siècle, cette facette s’est renforcée, avec le développent de la compétition.

Par ailleurs, son aspect lié à la morale, à l'éducation de l’esprit a été amplement mis en avant au cours de cette période également.

 

Enfin, il est de nos jours un loisir : c'est-à-dire qu’il permet de se changer les idées quelques heures par semaine, avec des amis, ou dans le but de s’en faire.

 

Certaines écoles, principalement à la métropole japonaise, se sont spécialisées dans le combat en plein contact, avec une inspiration très forte des boxes occidentales (il suffit de voir la tenue des arbitres qui pourraient être celle des arbitres du Madison Square Garden ou de la salle Marcel Cerdan).

 

Pour beaucoup, il s’agit de la panacée de la pratique du karate. Or, elle omet beaucoup d’éléments propres à la défense personnelle, même si, ne soyons pas dupes, savoir faire face à un adversaire aussi déterminé que soi sur un ring est un plus quand il faudra se battre pour défendre son intégrité physique. Sans compter qu’il faut beaucoup de courage pour monter sur un ring, en sachant que l’on va prendre des coups, quand bien même ils sont réglementés et qu’un arbitre veille (c’est pareil pour le karate de plein contact, dit jissen)

 

Par conséquent, vouloir réduire le karate au simple combat, réalisé de façon plus ou moins brutale, est réducteur. Même s’il en fait partie intégrante.

 

Ces pratiques ont malheureusement incité à penser que la pratique laborieuse, peu rapide en termes de résultats, était incompatible avec le "vrai" karate, puisqu’il ne serait que combat mené un peu comme un affrontement entre deux boxeurs.

Attention, le kick boxing ou autre est aussi noble et respectable que le karate. Mais il s’agit d’une chose différente.

Pourquoi amalgamer les deux, et donc perdre en richesse, quand on peut avoir les deux et les laisser exister ?

 

Autrement dit, bien que « l’appréciateur » utilise toujours une grille de lecture qui repose sur ce qu’il connaît pour juger, estimer les qualités du karate d’après un point de vue de boxeur (thai, kick) n’est pas pertinent. Comme il ne l’est pas non plus de juger le full contact ou le muay thai avec des critères issus du karate.

 

Alors, oui, et c’est une évidence, le karate est le combat, mais il n’est pas et ne peux pas être une qu’une formation à la rixe ou au combat sportif. Il compte des éducatifs (dirait-on dans nos langues occidentales habituées à la cognition) bien à lui, c'est-à-dire des étapes qui amènent à mener des combat « sportifs » ou a espérer s’en sortir lors d’une situation où l’intégrité physique du pratiquant est menacée.

Et c’est déjà beaucoup !

 

 

Pour en apprendre plus sur le karate okinawanais,

loin des clichés occidentaux et au plus près de la vision de ceux qui le font, lisez

 

Tête-à-tête en mer de Chine