· 

L'orthodoxie dans l'Uechi-ryû

 

  Je regardais cette photographie il y a quelques jours…

Prise dans un gymnase de Shinjuku, elle nous montre la pratique selon l’enseignement d’Uehara Isamu, et donc très certainement selon son père Saburô d’Oroku.

 

En voyant cet adepte et son maître, je me suis souvenu de mes visites au dojo d’Uehara Takenobu, il y a plusieurs années… J’avais alors trouvé la pratique rugueuse, peu portée sur l’esthétisme et basique.

Autrement dit, du karate pratiqué dans le sens d’entraînement au combat, à l’affrontement dans le cadre de l’auto-défense.

 

 

Takenobu est l’aîné d’Isamu. Tous les deux ont été formés par Saburô, qui fut leur seul maître.

 

Bien que disciple de tout premier plan du fondateur Uechi Kanbun ( au même titre que Kan.ei), Uehara Saburô avait reçu un karate uechi différent de celui que l’on peut voir maintenant, qui est le produit des transformations opérées par Kan.ei dans les années 1970 et surtout 1980, puis par son fils Kanmei, ainsi que d’autres disciples du Futenma dôjô (famille Uechi) et du Kadena dôjô [devenu Shinjô juku] (famille Shinjô).

 

En regardant cette photo, l’épithète archaïque m’est venue à l’esprit…

Parfois, ce mot à une connotation négative… Mais à mon sens, ce que l’on voit ici n’est nullement vieillot ou suranné… Non, c’est juste de l’Uechi-ryû selon une ancienne forme. Comme me le disait le légataire actuel, Sadanao, le style est différent, mais c’est tout autant respectable que ce que lui ou ses frères enseignent présentement sous l’influence paternelle passée.

 

Saisir les contours et les limites de l’école des Uechi n’est pas aisé… même si en surface, on pourrait avoir l’impression que ce type de karate est uniforme et sans trop de disparités… On ne saurait être plus loin du compte. En l’espace de quelques décennies, l’enseignement de Kanbun à Wakayama dans les années 1920 et 1930 a énormément changé, muté presque.

Le but n’est pas dire que ceux qui suivent le « style » actuel de Futenma sont dans l’erreur, dans l’hérésie, ou que ceux qui restent proches de l’enseignement de Kanbun, comme les membres du groupe shinkôkai des Uehara à Naha comme à Tokyo se situent dans le respect de la tradition.

 

Mais il importe de savoir qui fait quoi et comment, et surtout pourquoi.

 

C’est là que la notion de filiation, de rattachement à une lignée prend toute son importance, et qu’il est important de la saisir, même si tout ceux qui pratiquent le karate uechi, ou Pangawinuun, sont liés, d’une façon ou d’une autre à Uechi Kanbun.

 

Pour lire les idées, les souvenirs d’Uehara Takenobu, lisez

Tête-à-tête en mer de Chine

 

 

Et pour découvrir son dojo, lisez

 Karate et kobudô à la source