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L'apport des nouvelles technologies dans l'apprentissage traditionnel

Il y a encore quelques années (mois ?) beaucoup ne concevaient l’enseignement (et donc l’apprentissage) des arts martiaux qu’en « présentiel » comme on dit maintenant. C'est-à-dire que l’apprenant ne pouvait être qu’au même endroit que son professeur, au même instant.

 

 

 

De fait, on mettait au pilori ceux qui proposaient des formations « par correspondance » via des cassettes vidéos, puis des dvd, et enfin en ligne.

 

Et puis un virus commençant par un C et affublé du chiffre 19 est arrivé… Au début il était question d’enseigner avec des précautions. Et puis au gré des variants et des confinements, les salles, les dojos, ont fermé.

Les élèves, demandeurs d’exercices physiques, et les professeurs, qui se retrouvaient sans activité et qui cherchaient un moyen de ne pas voir leur activité s’effondrer, ont adopté les cours/entraînements en ligne : internet, une webcam et un écran permettaient de garder un lien avec son professeur et d’ainsi pouvoir au moins ne pas régresser.

 

Mieux, l’outil internet a été adopté par ceux qui ignoraient même son existence, en tout cas qui évitaient son utilisation, comme ces experts âgés de 80 ans et plus et souvent à la tête d’organisations conséquentes qui pouvaient dès lors d’organiser des stages. Cet outil a même permis de franchir les frontières, puisqu’on a vu des maîtres tenir en ligne des stages à Naha durant l’après-midi pour eux et suivis par leurs élèves le matin en Europe.

 

En l’espace de quelques mois, il était devenu possible et acceptable de suivre des cours (et d’en donner) en faisant fi des distances et du temps… les meilleurs romans de science fiction n’y avaient même pas pensé.

Alors bien sûr, on disait qu’il s’agissait là d’une solution provisoire, que c’était mieux que rien, et qu’il fallait évidemment suivre un professeur dans son club, son dojo, sa salle.

 

Oui, mais un verrou avait sauté : il n’était  plus mal vu d’enseigner à distance.

 

Après tout, on le faisait déjà pour les cours de langues ou de dessin par exemple. On formait aussi des employés à des techniques de management ou de logistique par ordinateurs interposés depuis longtemps.

 

Alors la technologie serait-elle la panacée pour apprendre, comprendre, communiquer, sans se soucier des moments, de l’espace, de ses moyens financiers ?

En effet, si l’on résume, du jour au lendemain, on pouvait suivre un stage organisé à Shuri pour quelques euros, alors qu’avant le seul billet d’avion pour s’y rendre coûtait presque le centuple. Il en va de même pour les kilomètres à franchir : ils ne sont plus qu’un souvenir, on a accès à cet enseignement depuis son salon… Que demander de plus ?

 

 

Alors, oui, la technologie est là, elle soutient, épaule, allège. Mais sur l’écran il y a bien ce maître que l’on suit depuis des décennies, cet enseignant qui nous connaît depuis nombre de saisons sportives. Autrement dit, il y a un homme, un être humain, à la fin de la chaîne. Le cours n’est pas dirigé par un robot, ou un hologramme créé à partir de vidéos reprenant les phrases clé de ce professeur méritant et admirable.

 

C’est la même chose quand on suit des cours de japonais via internet ou une formation en gestion de conflit par vidéo-conférence.

 

On le sait, ce que la science-fiction et les romans d’anticipation dépeignaient par le passé prend parfois forme de nos jours.

Qui se souvient d’une dizaine de numéros de téléphone, comme on le faisait il y a encore 25 ans, puisque tout est dans la mémoire de nos portables/smartphones depuis belle lurette, et que cette RAM se substitue en quelque sorte à notre mémoire cérébrale.

 

Il en va de même pour les langues, est-il encore besoin d’apprendre une langue étrangère, liée à la passion que l’on entretient ou à un pays que l’on apprécie, quand quelques tapotements du doigt nous donne des traductions ?

Dans ce cas, je pense pour ma part que la machine ne peut se substituer à l’homme… Pire elle est parfois un frein.

 

Je reçois souvent des messages de personnes qui ne comprennent pas ce que le traducteur google leur propose pour des termes japonais.

En effet, les logiciels sont dépourvus du sens de la nuance. Par ailleurs, ils ne comprennent pas l’ironie par exemple.

Ainsi, on se retrouve dans des situations coquasses (au mieux) ou embarrassantes (au pire).

 

 

Les joies technologiques peuvent être un soutien précieux, comme les webcams du début de cet article, mais l’homme doit toujours rester maître de ce qu’il entreprend, surtout s’il s’agit de communication dans une langue étrangère.

Le mieux est d’apprendre par soi même le japonais… On sera ainsi capables de rechercher dans un dictionnaire (papier ou en ligne, peu importe) des termes que l’on ne connaît/comprend pas… comme je le fais encore parfois, et comme le font des milliers de Japonais chaque jour, et comme nous le faisons dans le cadre de la langue française (ou en tout cas devrait le faire). De cette manière, on évite de s’en remettre à un logiciel, qui dans le cas des termes japonais employés dans le contexte okinawanais n’est même pas compétent...

 

Ci-dessus, voici ce que donne google quand on lui demande de traduire 'pêchin ni kikimasu' : je demande à un noble.

Déjà, le verbe est traduit à la voix impérative, mais le sens est bon.

Par contre, un pechin (peechin en okinawanais) c'était un noble de rang intermédiaire, souvent un fonctionnaire... et ça google ne le sait pas (à raison). Ce terme de pêchin se trouve souvent quand on s'intéresse aux maîtres de karate du passé. Mais avec google (mais un autre traducteur automatique ferait pareil) il est IMPOSSIBLE d'avoir une bonne traduction.

De fait, il y a ainsi de nombreux pièges dans la langue japonaise concernant Okinawa qu'un logiciel ne peut éviter.

 

 

Quand on s'intéresse à ces îles parce qu'on pratique le karate, c'est tout de même un comble!