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Sur l’importance de passer de la chimère à la réalité

 

Il existe de nombreuses mécompréhensions sur le karate okinawanais.

 

En vrac :

+le karate okinawanais adopte des positions plus hautes que le karate de la métropole (japonais)

+il n’y a pas de coup de pieds hauts dans le karate okinawanais

+Funakoshi est le seul responsable de la modernisation du karate, et donc de son appauvrissement

+Tenshô et Sanchin sont des katas respiratoires

 

Et j’en passe...

 

 

Je ne sais pas pour ma part d’où viennent ces allégations… car bien sûr le pratiquant lambda de Rennes, ou le professeur de Nice, n’a pas inventé tous ces faits… il les a attendus ou plus plausiblement lus.

Il y a donc des sources, des origines, peu précises.

 

On peut aisément supposer que la source de ces erreurs se trouve dans les écrits datant des années 1980, voire 1970, rédigés par des pratiquants (enseignants ?) qui étaient certes sans doute animés de bonnes intentions (on l’espère), en tout cas n’étaient pas de mauvaise foi, mais qui ne connaissaient RIEN à Okinawa et ses arts martiaux.

 

Ils étaient des adeptes du karate shôtôkan, et encore, pas celui venant directement de Funakoshi Gichin, mais plutôt de son fils Gigô, c'est-à-dire des élèves de Kanazawa et Kase, majoritairement.

Ils écrivaient ainsi sur une pratique dont ils ignoraient tout, car leurs professeurs eux-mêmes n’étaient pas compétents sur le karate okinawanais, aussi bien techniquement, qu’historiquement ou encore théoriquement.

 

En fait, la référence de ces auteurs français pour le karate okinawanais était la Kobayashi et la Gôjû. La première ne représente qu’une facette du shurite, et la seconde n’est qu’une émanation du nahate.

Ainsi, on sait qu’il existe des coups de pied hauts dans le shurite par exemple. Il suffit de voir les frappes du pied dans le kata Uuseeshii (Gojûshi-ho) dans la filiation de Nakama , ou bien comment les Shimabukuro (filiation Kyan) donnent leurs coups de pied dans Kuusankuu (Kankû).

 

Pareil pour les positions : dans la Gôjû, mais aussi l’Uechi ou le shurite de Kyan (que je qualifie de classique), on trouve dans les katas des positions presque aussi basses que dans les pratiques shôtôkai les plus extrêmes… Ce n’est certes pas tout le temps, mais elles existent, et n’apparaissent pas selon une fréquence anecdotique.

 

Concernant Tenshô et Sanchin dits « katas respiratoires »… S’il est évident que le souffle y est particulièrement mis en avant, ils ne sont pas les seuls à être respiratoires, c'est-à-dire à faire travailler la manière d’utiliser l’air dans l’organisme pour produire la force… TOUS les katas reposent sur la respiration, ils donc sont TOUS respiratoires… Sinon, cela reviendrait à les réaliser en.. apnée. Ce qui n’est pas leur cas.

 

Quant à Funakoshi, on sait qu’il se situait dans une courant, un élan, qui visait à inscrire le karate dans le giron des arts martiaux japonais, le tout dans une ambiance nationaliste et de mise en avant des vertus militaires du Japon.

Il n’est de surcroît pas le « père » du karate moderne. Cet honneur revient à Itosu !

 

Voilà, tous ces éléments sont connus, moi-même je les écris depuis plusieurs années : dans mes livres, dans des forums, dans les réseaux sociaux…

Et pourtant, on trouve toujours les erreurs énoncées au début de ce billet chez les pratiquants… Comme si qu’on était toujours en 1992…

 

Le karatéka serait-il pris de sclérose intellectuelle ? Voudrait-il s’accrocher au passé ?

 

Comme dans toute activité, le karate exige des mises à jour, voire des recyclages des connaissances… On le vante comme étant une activité qui ne repose pas uniquement sur le physique, pour développer le caractère, faire travailler l’esprit.

 

Alors, qu’est ce que les pratiquant attendent pour se défaire des ces chimères, et découvrir la vraie profondeur de ce qu’ils désignent comme un « art » ?

 

Pour (re)découvrir le karate okinawanais, lisez

Karate et kobudô à la source

 

 

Et pour découvrir Okinawa et sa culture, lisez 

Un clan d'Okinawa