· 

L’anglais, ce serait la panacée ??

 

Ces interrogations me semblent à la fois tristes et être l’image de la globalisation de notre monde. (Les deux étant de plus liés).

Tristes, car on n’admet pas que des millions de personnes de par le monde parlent et lisent le français… Il suffit d’aller en Afrique pour s’en convaincre. Triste car on pense que tout le monde doit connaître l’anglais.

Ceci qui nous renvoie à la globalisation de nos sociétés.

Pourquoi l’anglais plus que le français?  Ou l’espagnol, ou le chinois ou l’arabe ou l’hindi ?

 

 

Pourquoi ?

Je n’ai pas la réponse.

 

Cela nous conduit à la prédominance de l’anglais dans le milieu des arts martiaux okinawanais, et du karate en particulier.

 

C’est devenu la norme : les diplômes émis pour les « non-Japonais » sont bilingues : une moitié est en japonais, et l’autre en… anglais. Et pourtant, la grand partie des impétrants vont les montrer, les exposer, dans leur pays où l’anglais n’est pas la langue officielle, ni même compris de tous… On leur remet donc un document bilingue pour palier le fait que le japonais est une langue incomprise par le plus grand nombre, mais l’anglais l’est également dans leur entourage… Cherchez l’erreur !

 

Par le passé (il y a encore dix ans), seul le japonais était inscrit sur ces précieux documents… après tout, la langue en cours à Okinawa est le japonais. L’anglais n’a pas encore ce statut, même si certains touristes et les soldats des Etats-Unis en poste à Okinawa le souhaiteraient.

 

Il est d’ailleurs facile de discerner si un adepte s’entraîne et vit à Okinawa (et donc fréquente de façon régulière le dojo qui lui remet son diplôme), ou bien s’il s’y rend pour un stage, voire s’il a reçu son diplôme par la Poste, selon un système d’équivalence. Dans le premier cas, son diplôme sera uniquement en japonais, et dans les autres, en japonais ET en anglais.

 

 

 

Il en va de même lors des évènements, manifestations, à visée internationale, ou parfois les anglophones ne sont même pas majoritaires.

 

On va alors me dire que l’anglais est une langue de contact, car elle permet à des locuteurs de langues différentes de communiquer entre eux.

Soit, mais on pourrait aussi penser qu’étant donné que le japonais est la langue officielle à Okinawa, ceux qui s’adonnent au karate et qui viennent à Okinawa pourrait apprendre un rudiment, même léger, de cette langue.

Et à terme, on pourrait penser que la langue officielle des arts martiaux okinawanais devienne le japonais… rêvons un peu [l’okinawanais étant au-delà des espérances, et de plus, cette langue n’a pas de forme « standard »].

 

Le « tout anglais » ne me semble pas être un choix pertinent. On ne cesse de rappeler qu’à Okinawa, le karate est plus qu’un sport, que c’est un art de vivre, un élément culturel. Donc qui dit culture, dit respect de la langue parlée par les maîtres actuels. Mais à la moindre occasion, c’est l’anglais que l’on met en avant.

Et bien sûr, il y a toujours eu des experts qui maîtrisent cette langue (Tomoyose Ryûkô, Kyan Tôru), mais dans l’ensemble les enseignants à Okinawa ne parlent pas l’anglais… Certains en ont bien des rudiments, certes suffisants pour diriger sommairement un entraînement, mais la grande partie d’entre eux ne parlent pas cette langue, et quand ils le font parfois, on ne comprend pas ce qu’ils disent, à cause de leur prononciation qui ressemble plus à du japonais qu’à de l’anglais.

Par ailleurs, si on leur parle avec des phrases de plus de cinq mots, ils ne saisissent pas le fond de l’intitulé.

Et la nouvelle génération ne connaît pas mieux cette langue, bien au contraire.

 

Pour revenir à mon propos initial, pour ma part, je ne vois pas l’intérêt d’adopter l’anglais à la place du français qui est MA langue. J’écris avant tout pour les francophones de par le monde, et si certains sauraient sans doute me lire en anglais, je sais que beaucoup ne seront plus capable de me lire, ou bien que cela leur demandera plus de peine.

 

La recherche, la transmission de savoirs, implique des choix, des orientations. En tant qu’universitaire français (et bien que j’ai fait une partie de mes recherches au Japon), je me situe dans le sillon de mes aînés, et la défense de la diversités des cultures (ce qui implique de ne pas plier sous le poids de la généralisation de l’anglais de par le monde) est un thème qui m'est cher.

 

Et si vous avez tout lu jusqu'ici, voici une vidéo pour vous détendre un peu

Merci à M. Motobu Naoki de me l'avoir fait connaître