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Les katas, c’est vraiment important ???

 

 

Déjà, il faut savoir ce qu’est un kata.

Un kata, c’est un ensemble de techniques, une c’est à dire une chaîne de mouvement (de savoir faire), mises en relation entre elles.

Nous sommes là proche de la notion d’habitus[1] mise en avant par Mauss[2] au sujet des techniques du corps.

Le kata est normalement un moyen pas une fin !

 

Or, depuis l’avènement des compétitions de katas, qui trouve sa source dans la pratique centrée sur ceux-ci uniquement (ou majoritairement en tout cas), le kata représente le pinacle d’entraînement. On en apprend le plus possible, ou bien étudie certains qui ne sont pas notre école, ou bien encore ne pratique plus que ça !

 

 

On jette souvent l’opprobre sur le karate de la métropole, présenté comme la matrice de tous les maux… or, à Okinawa, dès les années 1900, la pratique ancienne, mêlant adroitement pratique des katas, applications des techniques, et parfois travail plus libre, commençait à mise côté, au profit de la répétition de katas, à l’époque liée encore au travail de renforcement et de fortification.

 

Après la guerre, toujours à Okinawa, et bien que des jeunes gens pratiquaient le combat sous diverses formes de façon individuelle (et surtout hors du regard du maître), le kata devint encore plus important…

 

A la métropole, à la même époque, le karate universitaire –reposant sur les répétitions des techniques kihon, les katas bien sûr, et la pratique du combat, sans retenue ou plus conventionnelle – devenait le mètre étalon de ce que l’on nommait le karate.

Certes, l’association Kyokushin gardait une inclinaison pour la pratique avec partenaire, souvent très dure, puisqu’elle allait jusqu’au k-o, mais cette vision resta longtemps confiné au Japon, mais on y pratiquait aussi les katas, et elle en avait même créés.

Par ailleurs, son refus de rejoindre des organisations plus large et davantage reconnue auprès des instances sportives l’a laissé durant plusieurs années dans la niche du karate de plein contact, dit jissen en japonais.

 

Ainsi, il n’est pas erroné de dire qu’à l’heure actuelle, en 2020, au Japon métropolitain comme à Okinawa, la pratique repose principalement sur les katas. Ils sont en quelque sorte devenus la définition même du karate… Et d’une certaine façon, pour savoir si l’on pratique le karate, il suffit de savoir que l’on en fait.

Il y a bien sûr des exceptions, mais que l’on soit dans un dojo de la Matsubayashi à Naha, ou de la Gôjû à Kôbe ou de la Wadô à Sapporo, on pratiquera TOUJOURS des katas, au moins durant une partie importante de l’entraînement.

 

 

Ainsi, les katas sont au cœur de la pratique actuelle, et même par le passé, si on ne leur accordait pas cette importance, ils étaient un élément essentiel du karate.

 

 

S’y entraîner, de façon constructive et raisonnée, est donc la base du travail du karateka !

 

Pour découvrir le karate okinawnais, lisez

Karate et kobudô à la source

 

 

 


[1] La notion d’habitus est ici différente de celle de Bourdieu  qui est une disposition générale et générative de l’agent social, alors que pour Mauss, elle renvoie à des phénomènes d’habitude sociaux inconscients.

[2] Marcel Mauss, « Les techniques du corps »