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On nous aurait menti ??

On accole, comme des préfixes, des noms de maîtres célèbres devant des noms de katas, le plus souvent du shurite (mais aussi du tomarite) comme pour dire que ces hommes ont crée ces formes, qu’elles sont de leur fait  :

Itosu Passai

Chibana Kuusanku

Kuniyoshi Kuusankuu

Chatan Yara Kuusankuu

Matsumura Roohai

 

ET

Matsumura Passai

 

Or, pour ce dernier kata en particulier, on sait maintenant qu’il ne vient aucunement de Matsumura, mais de Tawada Shinboku. Je fournissais cette information dès l’année 2017 avec mon interview d’un ponte de la Kobayashi-ryû : Miyagi Takeshi.

 

Cet expert, dans une interview reprise dans Tête-à-tête en mer de Chine (p.58), expliquait que le kata « Matsumura Passai » n’était pas de Matsumura.

Il ajoutait qu’Itosu n’avait pas appris Passai de Matsumura, ce qui est logique, vu que son Passai, qu’il a enseigné à Chibana (et que l’on connaît donc grâce à ce canal) se nomme Itosu Passai.

 

Motobu Naoki, des arts martiaux des Motobu, détaille dans l’un de ses articles sur son blog (31/30/2020) que Matsumura n’enseignait apparemment pas Passai.

 

Pour ma part, dans Pensées et souvenirs des maîtres de Shuri, j’affirme que le Matsumura Passai n’a pas été forgé par Matsumura, mais par ce même Tawada.

 

Certains à Okinawa, à commencer par Miyagi Takeshi, voulaient un temps changer ce nom de Matsumura (nu) Passai en Tawada (nu) Passai. Cette idée en est restée là, tant, apparemment, il est préférable de garder le nom de ce maître prestigieux, plutôt que d’employer celui d’un expert pour le moins méconnu !

 

J’ai depuis reçu des messages de pratiquants sincères me remerciant de leur avoir apporté cette information nouvelle, levant ainsi un voile pour le moins opaque sur leur pratique. Ils sont malheureusement peu nombreux, car de nombreux autres, sans preuves aucune, m’ont reproché de rapporter des erreurs, voire de m’en prendre à leur école ou leur karate… on ne saurait être plus loin de la vérité !

 

Ps : Saviez que le « nu » que l’on lit parfois entre Matsumura et Passai, prononcé parfois no en japonais standard, est une enclitique qui marque le complément du nom (ahh, les cours de grammaire du collège, c’est loin !!) ?

 

Mais comme les langues japoniques se passent d’une telle précision syntaxique, étant donné que le déterminant vient avant le déterminé, contrairement au français, le « nu » (ou no) saute parfois.

 

Pour retrouver l'interview de Miyagi T., lisez

Tête-à-tête en mer de Chine