· 

De la cuisine au dojo

                                Regardons cette photographie…

 

Pour beaucoup d’Okinawanais, elle comporte des aliments excellents qui incarnent leur cuisine insulaire:

 

Quatre concombres amer gooyaa

Des œufs

Un bloc de tofu

Et.... de la viande de porc en conserve pôku!!!

 

Pour les Occidentaux, il s’agit là d’aliments merveilleux, à la base de la soi-disant longévité des Okinawanais…

 

Et bien je suis désolé de vous le dire, mais au moins deux aliments sur cette photo sont TRES mauvais pour la santé !!! Donc, ils  ne favorisent pas la longévité....

 

   

  Le tofu, tout d’abord

Comme tous les tofu au Japon (ce qui inclut Okinawa), il est fabriqué à partir de soja d’Amérique du Nord (donc, Canada ou E-U, c’est selon).

Or, dans ces pays, le soja est presque systématiquement transgénique…

Bien sûr ; il est précisé sur les packs de tofu vendu au Japon que le soja n’est pas OGM et sans doute que les producteurs, de bonne foi, pensent que c’est le cas… or, et vous le savez peut-être, il est très difficile de savoir si une culture est OGM ou pas, quand elle est entourée de champs OGM… qui constitue la base de l’agriculture au Canada comme aux Etats-Unis, en particulier pour le maïs et le soja.

Donc ce tofu est sans doute OGM.

 

   Les œufs ensuite

Ils sont blancs, ce qui est peut commun dans notre monde européen. Ces œufs blancs proviennent de poules des E-U, les white leghorn… Rien de bien différent de ceux venant des poules suisses ou françaises… mais, ces poules sont plus petites, pondent plus et plus tôt… bref, du pain béni pour l’élevage en batterie. Donc, ces œufs blancs, comme presque tous les œufs consommés à Okinawa (et au Japon) viennent de poules élevées en batteries… Sympa !

Et, même les Okinawanais savent que ces œufs blancs ne sont pas, au final, bons pour la santé, car, quand ils le peuvent, ils achètent des œufs bruns, réputés pour être des œufs de meilleurs qualité, car venant de poules élevées dans de meilleures conditions.

 

   Ensuite, le pompon : la fameuse viande de porc en boîte

Un poison absolu, que les Okinawanais doivent aux Etats-Unis (qui a dit encore ?).

Pour la petite histoire, la population, privée de tout et amaigrie avait découvert ces boîtes à travers les rations des soldats débarqués en 1945. Les épouses et les mères okinawanaises, désireuses de fournir du porc à leurs familles, se sont empressés d’adopter cette nourriture qui n’en est pas ! Et plus de 50 ans plus tard, elle fait partie intégrante du régime alimentaire insulaire… au grand malheur de quelques lanceurs d’alerte qui expliquent que le taux en sel et autre conservateur est TRES nocif pour la santé.

D’ailleurs, au Etats-Unis, une marque de cette viande en boite se nomme SPAM, oui, comme la poubelle de votre boite email où vont les courriers indésirables.

 

Une coïncidence ? Sûrement pas !

 

  Reste les concombres amers

Oh, joie, il est précisé sur les petits autocollants qu’il s’agit là de produit okinawanais ! Car, il faut le savoir, beaucoup de ces concombres sont parfois des produits d’importation venant de Chine (bonjour la pollution) ou du Kyûshû (donc amenés par bateau, voire avion)… Alors qu’il s’agit d’un légume emblématique d’Okinawa, et pour cause : il y a toujours poussé, car tout est réuni pour !

Mais on préfère cultiver à la place de la canne à sucre ou des ananas, que la population insulaire ne mange presque pas, pour l’exportation, et importer un légume mangé par tous !

 

Cherchez l’erreur !

 

Ces deux sachets de produits locaux, sont la preuve que souvent, on fait passer ces légumes pour okinawanais, alors qu’ils ne le sont pas…Et que dans notre cas, on cherche à assurer au consommateur qu'il achète bien okinawanais.

 

Et pour info, cette photo vient d’une famille qui gagne bien sa vie, et selon les critères okinawanais (à Okinawa on compte par exemple de la pauvreté infantile, presque absente du reste du Japon, ou bien le smic horaire y est presque deux fois moindre que dans le reste du Japon) elle est considérée comme riche. Donc, ce n’est pas par manque de moyens qu’on y consomme ces produits, juste par habitude et parce qu’on ne pense pas à tous les points que je viens de détailler.

 

[Et aussi, à Okinawa, les personnes dans la gêne financièrement ne mangent pas de produits frais, mais des nouilles instantanées]

 

Pour fini, comme quoi, ce qui est à Okinawa fait partie de la culture okinawanaise peut ne pas être, fondamentalement et dans les faits, un produit de ces îles au sens propre comme figuré…

 

 

Mais…

Attendez !!!

Est-ce que le karate ne se retrouve pas parfois dans une situation similaire ? Avec ses modèles pédagogiques, ses choix théoriques et idéologiques inspirés des arts martiaux japonais, l’appropriation de codes venus des Etats-Unis parfois tellement évidente qu’elle est en gênante, on ne sait parfois plus trop s’il est bien okinawanais ou japonais ou états-uniens.

 

Il s’agit là bien sûr d’une question, d’une supposition, un peu provocatrice, je l’avoue, mais il serait bon parfois pour les pratiquants de ne pas croire ce que les autorités okinawanaises du karate avancent, souvent à des fins de promotion, pour plutôt ouvrir leurs yeux et penser par eux-mêmes.