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Le karate okinawanais jusqu'à la Guerre du Pacifique

 

Autrefois, on parlait de tiigwa pour désigner ce que l'on nomme à l'heure actuelle le karate, la main vide.

 

Ce mot tiigwa désignait les arts de combat, ce qui incluait le combat à mains nues, mais aussi, si l'expert-pratiquant dont on parlait maîtrisait le bâton long ou les tridents, le maniement de ces armes. On ne disait pas  " oh, il faut se méfier de lui, il fait des kobudô en plus de son karate".

 

Non, ce genre de détails ne sont apparus que récemment. Autrefois, au temps du royaume,  une personne sachant se battre le faisait avec ce qu'elle avait sous la main, ou pas, et donc se servait de ses mains nues le cas échéant. C'était un bushi/busaa 武士.

 

Parallèlement à cela, on savait depuis le XVIIIe siècle environ qu'il y avait des manières de combattre  originaires de la  Chine dues aux rapports étroits entre les deux pays.

On comptait :

 

le shurite-suidii : art de combat développé à Shuri, la ville royale

le nahate-nafaadii : art de combat développé à Naha, la ville de gens du commun

le tomarite tumaidii : art de combat développé au port de Tomari, lieu de rencontre entre marins chinois, okinawanais et d'autres pays

 

(Certains ajoutent aussi de nos jours le(s) style(s) chinois de la communauté de gens issus de la colinie min du village de Kume. : kumemurate - kunindadii)

 

Au début du siècle dernier, on parlait, dont Funakoshi Gichin, de shôrin 少林 et de shôrei 昭霊. Le premier étant à peu près synonyme de shurite et le second désignait le nahate et le tomarite.

 

Ces cinq termes étaient utilisés par les gens du milieu, les Okinawanais du quotidien parlaient de tiigwa ou de tuudii (tôde), ce dernier mot s'écrivant avec le catactère de la Chine 唐. Mais comme il n'y avait pas de règles, et qu'en Okinawanais comme en japonais, un même caractère chinois peut se lire d'au moins deux façons, certains disaient aussi karatii (karate) au lieu de tuudii.

 

 

De surcroît, on commençait à vouloir insister sur le fait que la pratique se faisait sans armes, avec les mains vides.  On garda donc le son de kara de karatii-karate nouvellement employé, mais on supprima le caractère 唐 de la Chine pour celui du vide 空. Cela donnait également karate.

Durant les années 1920; on commença à agir pour une uniformisation des trois courants pré-cités, et certains commencèrent à affirmer leur école.

 

Nous n'avons pas parlé ici de l'art du combat autochtone d'Okinawa, car on n'en sait en fait pas grand chose, et qu'il n'a de toutes façons pas de réels liens avec le karate actuel.